Salon de Paris 1905

Les voitures Desgouttes

Extrait de "La France automobile" (1905)

Les exigences de l'actualité, qui nous obligent à signaler en quelques note rapides les nouveautés du Salon, ne nous ont pas permis de parler, comme nous l'aurions voulu, de certains perfectionnements apportés par quelques grandes maisons à leurs modèles 1906. Nous avons heureusement pour y revenir la période d'accalmie qui suit l'exposition et pendant laquelle les constructeurs se consacrent entièrement à leur fabrication. C'est, à ce moment que, reprenant en détail l'anatomie de tel ou tel châssis qui nous aura séduits, nous en décrirons les organes avec toute la minutie nécessaire.

Il nous paraît toutefois intéressant, dès aujourd'hui, de dire quelques mots des voitures que la maison Desgouttes et Cie, de Lyon, soumettait à l'examen des connaisseurs.

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Au Grand Palais. - L'exposition Desgouttes de Lyon

Le châssis exposé à nu était un 24 /40 H. P. muni d'un moteur à quatre cylindres dont la silhouette imposait l'admiration que l'on doit à toute pièce mécanique sérieusement conçue et ingénieusement établie. A l'avant, les organes de distribution soigneusement enfermés dans un carter et réduits à leur extrême simplicité, notamment par une commande unique pour la pompe et la magnéto.

L'allumage, obtenu par une Simms-Bosch à rupteurs, comporte un ingénieux dispositif d'avance, que nous examinerons plus tard en détail, car il est des plus intéressants.

Le refroidissement est activé paru un ventilateur commandé par une courroie qu'une glissière permet de régler très facilement.

Arrivons à la boîte des changements de vitesse, après avoir jeté un coup d'œil sur l'embrayage métallique qui, grâce à sa commande centrale, ne produit plus ces vibrations désagréables que donne souvent la commande excentrique. Cette boîte, de dimensions très réduites, contient les pignons des quatre vitesses dont l'emprise est commandée par des tringles actionnées par le levier classique placé à droite du conducteur. Le mécanisme de commande de ces tringles est enferme, lui aussi, dans un petit carter.

Les troisième et quatrième vitesses se font par prise directe, avantage dont il est utile de souligner l'importance, car il montre bien que les constructeurs ont chercher à obtenir, dans leurs voitures, le maximum de rendement.

Plus loin, les freins, au nombre de quatre, deux sur le différentiel et deux sur les roues qui, tous, agissent dans les deux sens. Ceux des roues sont intérieurs et leur efficacité permet d'arrêter la voiture sur une distance des plus réduites.

A l'arrière, enfin, le réservoir, avec pression venant des gaz d'échappement.

Comme organes de commande tout d'abord les deux leviers de freins et de changement de vitesse ; puis trois pédales : la première agissant sur le frein de gauche du différentiel ; la seconde sur les deux freins du différentiel, toutes deux produisant le débrayage un peu avant que les freins commencent à agir ; la troisième enfin pour le débrayage seul.

Sur le volant, un levier d'allumage commandant automatiquement la décompression et enfin, sur le panneau de la voiture, un appareil spécial remplaçant la pompe à main et permettant de mettre le moteur en marche sans utiliser la pression dans le réservoir d'essence.

Quand nous aurons signalé encore le carburateur dont le réglage se fait soit automatiquement, soit à la volonté du conducteur (dans ce cas, il suffit de dévisser un écrou très facilement accessible), nous aurons signalé les dispositifs les plus intéressants des voitures de la jeune marque lyonnaise.

Dans sa séduisante simplicité, ce châssis montre, autant par la robustesse des organes que par leur disposition essentiellement pratique, que les constructeurs se sont préoccupés d'établir des véhicules réunissant toutes les qualités que l'on exigea aujourd'hui d'une voiture de tourisme de grande marque.

M.C.

Basé sur un document provenant du fonds de la Fondation de l'Automobile Marius Berliet.